Atelier Anne Gelbard
Tout près de la Bastille, un lieu sous influence : celle de la création, de la recherche, des sensations...
Plongée au cœur de ce laboratoire des matières.
Comment tout a-t-il commencé ?
Anne Gelbard : J’ai d’abord été freelance, variant les missions. Puis j’ai ressenti l’envie de revenir à ce qui fait toute la sensualité de ce métier : l’empreinte du geste, les odeurs, contourner la matière, l’appréhender dans sa globalité. J’avais besoin de voir le tissu se métamorphoser physiquement sous mes yeux. J'ai ainsi créé mon atelier en 1997. La Maison Lacroix m'a fait confiance puis, de saison en saison, d’autres très belles signatures ont suivi.
Quelle est l’originalité de l’atelier de Haute couture ?
J’ai souhaité qu’il ait une personnalité et un mode de vie singuliers. Tout commence par la discussion, l’échange, entre les membres de mon équipe comme avec les clients qui frappent à ma porte.
Les créateurs arrivent avec une vision. Je leur offre la possibilité d’explorer ce qu’ils ont à l’esprit. Par principe, je refuse de considérer que je ne peux pas faire ceci ou cela sous prétexte que la technique est inédite ou décalée. Je cherche systématiquement ce qui va rendre l’envie de l’autre encore plus forte, le pousser encore plus loin dans ses désirs.
La plus grande des libertés, c’est de dépasser les contraintes. L’expérience montre toutefois de manière implacable que le tissu a toujours le dernier mot.
Avec qui ?
Pour garder l’atelier en mouvement et alimenter la créativité qui s’y déploie, je m’entoure de freelances. Lesquels ont également leur univers. Les interactions sont fécondes. L’esprit d’équipe est primordial, l’interdépendance extrêmement forte dans le travail au quotidien. C’est pourquoi je suis si intransigeante et résolument perfectionniste. L’aspect plaisant étant que chacun s’inscrit dans une dynamique de partage. Les idées fusent puis se canalisent pour trouver LA bonne solution, celle qui s’avère parfaite pour le créateur.
Et maintenant, le design d'intérieur…
Appréhender l’espace, introduire la pérennité dans ma réflexion, changer d’échelle...Voilà ce qui m’a plu lorsque j’ai été sollicitée pour élaborer la décoration d’hôtels haut-de-gamme. Le rapport à la lumière, à la couleur, aux motifs s’y révèle totalement diffèrent : on entre littéralement dans le volume ! Du dessin à plat, je suis ainsi passée à la 3D, à penser des espaces à vivre.
L’atelier en trois mots ?
Recherche, audace et création.
Un défi ?
On me demande encore beaucoup de choses relativement classiques, très sages. Or la chercheuse que je suis rêve d’aller beaucoup plus loin dans la déstructuration d’un tissu et l’imbrication des matières entre elles. Réaliser un modèle totalement novateur, qui outrepasse le simple effet esthétique.
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